• Épisode 03 - Parapluieteries, cris divers et variés

    Épisode 03 - Parapluieteries, cris divers et variés

     

     

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    Désespéré, je m'étais machinalement mis à compter les truites de ville qui remontaient le long des caniveaux. Il me fallait de quoi me calmer.

     

     

    Le cinéma était à présent fermé depuis un quart d'heure, quart-d'heure que je venais de passer bêtement sous l'imposant auvent de l'entrée, à l'abri d'une sacrée ramasse qui s'était amenée en traîtresse et persistait à tomber. Quelques cinéphiles s'attardaient également, discutant de leur visionnage tout frais. Personne n'était encore passé allumer les réverbères, on ne se presserait sans doute pas. Et toujours aucune trace de Samilduerg.

     

    Les hypothèses les plus rationnelles étaient désormais écartées, pour la plupart.

    J'avais fouillé les sièges de la salle et interrogé les personnes les occupant, m'attirant quelques remontrances courroucées ou réponses peu concernées ; puis retourné le reste du bâtiment, questionné le personnel, auprès duquel Samil' et moi étions loin d'être étrangers ; arpenté les rues alentours et les petits commerces, … avant de me faire surprendre par la pluie.

     

     

    Restait qu'il avait pu rentrer chez lui et qu'il me suffirait de remonter la rue pour le trouver bien au sec, dans son prétentieux appartement ; peut-être s'était-il sentit fort mal juste avant la séance, après tout. Oui, voilà. Et s'il n'était pas chez lui, alors il était chez moi, à fouiller dans ma collection de contriangles et à en tirer des notes irritantes (ce n'était pas faute de lui avoir enseigné maintes et maintes fois la façon d'en jouer, hélas). Ces idées me redonnèrent assez de confiance pour affronter les trombes de flotte céleste. Sacrediou, nous faire louper la première séance du tout dernier film d'A. Lzieshg, j'allais lui faire entendre mes grincements les plus odieux, à cet anchois de Samil' !

     

    Mon logement étant le plus proche depuis le cinéma, je décidai d'y passer d'abord ; parce qu'après tout, il y avait de plus grandes chances que Samil' soit rentré chez lui plutôt que chez moi, aussi, organiser mes recherches dans cet ordre était rassérénant. Je ne serais pas inquiet si je trouvais mon chez-moi vide... mais si l'appartement de mon ami l'était tout autant... non, inutile d'imaginer l'inimaginable pour le moment. Je me ruai de plus belle jusqu'à l'étroite rue où j'habitais.

     

     

    ''IÊiRKS ?!!! '' fut, à peu près, l'incroyable cri que mon apparition dégoulinante arracha à la concierge de mon immeuble. Il ne devait effectivement plus rester grand-chose de mon habituelle carrure noble et hardie.

     

    - Osthinse, c'est vous ?! … Bon sang, vous ne ressemblez absolument à rien, pendant un instant je vous ai pris pour un vieux parapluie géant !

    - Oui, il tombe une pluie torrentielle et j'en avais pas, de parapluie, 'fallait bien que je rentre à un moment ou un autre. Dites, par hasard, est-ce que Samilduerg serait passé, dernièrement ?

    - Pas que je sache, mais je n'ai pas toujours porté mon attention sur l'entrée, alors ne prenez pas ma réponse pour absolue.

     

    Je la remerciai d'un air lugubre et commençait à monter les escaliers, lorsqu'elle m'interrompit :

     

    - Attendez ! Je n'ai pas eu l'occasion de vous croiser ce matin, alors je vous le remets seulement maintenant, vous avez reçu ce colis.

     

    Je la remerciai à nouveau et m’emparai du petit et sobre paquet qu'elle me tendait, m'interrogeant un instant sur son possible contenu avant de me rappeler de ce que j'avais commandé il y avait quelques semaines de cela. Tout en montant les marches d'une façon absente (et propice à une bonne gamelle), je déchirai doucement l'emballage pour révéler, soigneusement emballé, un tubercule grossier, irrégulièrement parsemé de protubérances, et à la couleur bleu nuit piquetée de taches plus claires figurant des étoiles : un Topinambour Enchanté.

     

    D'ordinaire, j'aurais glapi d'enthousiasme à l'idée de l'avoir finalement entre les mains, mais pour l'heure toutes mes pensées étaient occupée par le cas incertain de mon ami. Je fourrai le Topinambour dans une poche de mon informe manteau et, dans une autre, piochai les clefs de mon appartement sur le palier duquel j'étais enfin parvenu. Je galérai quelques secondes avec la serrure avant de réaliser : la porte n'était pas fermée... Je l'ouvris subitement en grand et gueulait :

     

    - SAMIL' !

     

    Puis :

     

    - ESPÈCE DE ?!

     

    Et enfin :

     

    - ACK !!! lorsqu'un choc au niveau de mon crâne s'assura de m'expédier directement dans de lourdes vapes.

     

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