• Épisode 02 - L'excitation s'élève, les fessiers s'abaissent.

    Ça y est, on s'est calmé ?!

    Hrm.

     

    A. Lzieshg, donc , était à l'origine des films les plus extraordinaires qu'il aie été donné de voir à n'importe qui de notre époque.

     

    Mon enfance avait notamment été bouleversée par la découverte de « Où iront les nichikriyas ? », laquelle avait été suivie du visionnage avide des autres de ses œuvres.

     

    Elle avait une incroyable capacité à mélanger tous les tons existants pour en tirer des histoires à couper le souffle, mais aussi le beurre, les ponts, le sifflet des critiques acerbes, les cheveux des spectateurs en quatre parts bien égales, voire même parfois, le courant des salles obscures dans lesquelles étaient projetées ses œuvres tant elles étaient d'une intensité insoutenable.

    Dans une interview, elle avait déclaré que le fait que sa mère fût une coutelière hors

    paire, et la conjointe de cette dernière une excellente conteuse, avait sans nul doute grandement influencé sur sa carrière.

     

    Lorsque j'étais encore un charmant enfant, je me souviens avec émotion avoir reproché à mes propres parents de n'exercer aucune de ces deux professions, y voyant là la raison à mon évident manque de talent pour la réalisation de films.

    Plus tard, j'avais bien entendu fini par réaliser la stupidité de cette rancœur : que ma mère soit fourchettière et mon père porté disparu après une opération des dents de sagesse ne changeait rien à l'éducation tout à fait correcte qu'ils m'avaient prodigué.

     

     

    Le temps passant, mes rêves de réalisateur avaient rejoint le placard cérébral des vieux rêves d'enfant terrassés par la vision des choses en face, mais ma passion dévorante pour la filmographie d'A. Lzieshg n'avait fait que flamber de plus belle. Je lui vouais une admiration réelle et sincère, sachant apprécier les forces, mais aussi reconnaître les défauts de ses réalisations. J'avais visionné le moindre de ses quasi-introuvables courts-métrages de jeunesse. D'épais classeurs et cartons regroupaient la moindre interview la concernant. Les lire m'ouvrait l'esprit sur toujours plus de nouvelles choses, d'autres façons de penser, d'envisager encore différemment le monde et les personnes m'entourant. Ses films et ses mots étaient comme d'innombrables lentilles remodelant encore et encore notre vision de base.

     

    C'est au court d'une réunion de fans que j'avais fait la rencontre de Samilduerg, ce drôle d'énergumène. Mais je reviendrais sur cette anecdote une autre fois ; aussi croustillante soit-elle, il nous faut pour le moment revenir à l'histoire principale.

     

     

     

    Je posais avec entrain mon fessier dans l'un des fauteuils de la salle, et m'y tortillais soigneusement afin de m'assurer un confort parfait et longue durée.

     

    Nous venions enfin de pénétrer dans la salle de cinéma, et parmi les premiers, en plus ! Ce qui nous laissa le doux privilège de choisir les places les plus adéquates, celles bien au centre. Quelques secondes plus tôt, Samilduerg et moi partagions encore une conversation enthousiaste, mais à présent, l'heure n'était plus aux mots, mais à ce délicieux silence d'euphorie intérieure qui débordait à travers nos yeux brillants et nos sourires XXXL. Je me sentais entre la cocotte-minute et la chenille sous LSD. Il était difficile de ne pas jinguer, mon regard se portait sur la moindre chose m'entourant, sans rien observer pour autant, rebondissant d'un mouvement à l'autre, revenant sans cesse sur les petites lumières du plafond, quand allaient-elles donc s'éteindre progressivement, quand les discussions allaient-elles être remplacées par un silence d'excitation partagée, quand le grand rectangle blanc allait-il se parer de couleurs, et ce n'était pas possible, je ne pouvais pas avoir envie d'aller aux toilettes, pas maintenant ?!!

     

    Mais si, je devais bien me rendre à l'évidence : ma vessie, cette traîtresse, se manifestait soudain !!!

     

    Je m'étais pourtant assuré de passer plusieurs fois aux toilettes avant notre départ pour le cinéma, et n'avait rien bu depuis la veille ! Comment était-ce possible ?!

    Je tentais de me contenir, de me dire qu'avec assez de conviction, cela finirait bien par passer, mais les secondes filaient et tout cela devenait particulièrement insupportable. Samilduerg sembla remarquer que la raison de mes tortillonnades n'était plus la même qu'au début, et me jeta un regard interrogateur. Je n'y tins plus.

     

    - Garde-moi la place, tu veux ? Ça presse !

     

    - Oh, se contenta t-il de répondre, avant de placer la tête d'orque sur le siège que je venais de quitter. On pouvait toujours compter sur Sam'. Il était un peu comme le Josaphat de Métropolis.

     

    Comptant bien être revenu à temps avant le début du film, je me glissais furieusement entre les derniers arrivants ; la salle était désormais bien remplie, et les conversations occupaient l'espace restant au dessus des têtes.

     

    Je déboulais dans le hall d'entrée, repérait vivement le sigle des toilettes, repartait en ayant de plus en plus de difficultés à avancer avec régularité au fur et à mesure de l'urgence. Une fois parvenu dans l'espace des sanitaires, j'abandonnais toute dignité sur le palier, et c'est après quelques pas des plus ridicules qui soient que, cette fois-ci, je posais avec entrain mon fessier sur le trône reluisant de propreté (ce cinéma n'étant pas n'importe quel cinéma ! Allons, quelle image aviez-vous donc de moi jusque-là, mh ? ).

     

    Quelques soupirs d'aise et un renfroquage-éclair plus tard, je traversais à nouveau le hall en toute hâte, savourant de pouvoir désormais me mouvoir avec une filante aisance. Un sourire triomphant s'étalait avec insolence sur ma face.

     

    La porte battante ! Je m'aplatis dessus et passait dans la salle ! La salle ! Qui, soulagement intense, était encore illuminée ! Les conversations toujours aussi animées ! Combien de temps avais-je donc mis à pisser ? C'était sans doute un record foudroyant, j'aurais dû demander à Samilduerg de me chronométrer, cela m'aurait fait une raison supplémentaire de me vanter au cours des...

     

     

    Mon regard se posa machinalement sur nos places... occupées par deux personnes que je ne connaissais pas du tout.

     

    Samilduerg. La tête d'orque.

     

    Il n'y avait plus aucune trace de ces deux-là.

     


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